Dans un coin de ma tête, j'ai une liste de course que je ferai tôt ou tard où on y trouve course à pied, trail, nage en eau libre, Ironman … comme le marathon du médoc, le trail des templiers, le défi monte Cristo, les Ironman d'Embrun, Nice, Lanzarote, Francfort et bien sûr celui d'Hawaï (on peut toujours rêver) et la O Till O.
La O Till O est un swimrun que je regarde prendre de l'ampleur chaque année et devenir une course de plus en plus convoitée au fil des années malgré son jeune âge.
Imaginée
comme l'Ironman dans un bar à une heure bien tardive et un taux
d'alcoolémie surement bien élevé, 4 copains se lancent le défi de
passer par les 3 restaurants des îles suédoises proches d'eux fin
2002. Les derniers payant l'addition des premiers.
Ce
fut un échec et des abandons comme en 2003 au bout de 24h d'effort.
2006
sera l'année de la création commerciale de la OTILLO : 75km à
parcourir dont 10km en nageant !! Je trouve ce nouveau sport
fascinant et en septembre 2013, je motive 2 copains de l'AsvelTri
pour monter une équipe et partir conquérir les terres suédoises.
Même
si le dossier à fournir à l'orga est déjà une épreuve (expliquer
sur plusieurs pages les raisons de sa motivation et son expérience
sur des longues distances), c'est le budget qui nous a freiner :
1500€/personne mini en faisant gaffe aux dépenses !!
On
laisse tomber mais fin décembre un des 2 gars que j'avais motivé
(JMB) revient vers moi en m'annonçant la création d'un swimrun en
suisse par l'orga de la OTILLO. Mi-janvier, c'est fait on apparait
sur la liste des inscrits : plus qu'à réfléchir à un plan
d'entrainement et au matos qu'il va nous falloir.
LA PREPA
Au final, on sera 3
équipes de l'Asvel à faire le déplacement en Suisse pour découvrir
ce nouveau sport qu'est le Swimrun.
Pris par toutes nos
bonnes résolutions, on imagine de bonnes séances tous les 6. On va
même jusqu'à initier un word pour planifier nos sorties typées trail à
plusieurs.
En fin de compte,
difficile entre les blessures des uns et les contraintes familiales
ou pro des autres, cela a été compliqué de se voir. Avec
Jean-Marc (psudo=JMB), on a réussi en tout cas à se faire 7 bonnes sorties
swimrun à Miribel en enchaînant nage et course tout en restant bien
groupé. Perso, j'en ai fait 10 dont une tout seul, une avec Ju et
une avec Richard donc 2,5 mois de spécifique. On s'entend super bien
avec JMB et on affine notre stratégie de course : ne pas dépasser
les 155/160max niveau cardio et bien se retourner en nat pour être
sûr que le copain n'est pas en difficulté.
A force de
discussions avec les autres équipes et avec les copains de l'Asvel,
j'opte pour l'achat de nouvelles pompes : des TrailRoc245 de chez
Innov8.
Pour le sac à dos,
j'ai troué mon ptit camelback gagné à une de mes Saintélyon pour
que l'eau s'évacue bien lors de toutes nos sorties d'eau : testé et
approuvé aux entraînements.
Sinon, on s'est
acheté tous les 2 gants et cagoules pour faire face aux 11 degrés
des lacs annoncés par l'orga:
PRE-COURSE
Jeudi
Pendant que ma ptite
famille va passer le week end chez mes beaux-parents sur Annecy, je
prends la route avec mes 5 acolytes jusque StMoritz (8h de route qd
même donc je cède le volant aux copains pour pas trop me fatiguer).
Pour monter sur le
plateau de la vallée de l'Engadin (1800m), on monte une route qui
rend ridicule les virages de l'Alpe d'Huez tellement c'est pentu et
surtout long !! En arrivant en haut, on découvre un paysage juste
exceptionnel qui respire la zénitude : les montagnes, plein de lacs,
des petites maisons parsemées dans la verdure et beaucoup mais
beaucoup de voitures très luxe (Bentley, Ferrari, Porche …)
Vendredi
Après une bonne
nuit de sommeil, on se met en condition course pour aller goûter le
lac de St Moritz qui sera un de ceux à traverser le lendemain.
L'orga annonçait l'eau à 11°C mais mon partenaire avait amené un thermomètre qui indique 9,8°C !!
Bon, on y va sans
être rassuré du coup et c'est la 1ère fois de ma vie que l'eau me
fait mal tellement elle est froide : immergé jusqu'à mi-cuisse, mes
mollets et genoux se crispent comme jamais (jusque-là, j'avais testé
15/16°C pour le tri de l'Alpe mais c'est de la rigolade à côté de
ça).
On se regarde tous
les 5 l'air inquiet et on se lance comme des papis avec la tête hors
de l'eau en criant comme des fillettes tellement ça te prend aux
tripes. Après quelques brasses, j'ose mettre la tête dans l'eau
pour faire 300m de crawl. En trottinant derrière cet essai, je
décide de couper ma combar au-dessus des genoux car j'ai peur de
cramper des mollets avec ce froid.
Je refais 200m de
crawl et je rentre facile dans l'eau sous les yeux ébahis des
passants (comme quoi on s'habitue vite) …
En revanche, je suis vraiment gêné par ces gants qui prennent l'eau
et m'empêche de sentir mes appuis dans l'eau : je décide de ne pas
les prendre pour la course.
Le soir, on va
récupérer nos dossards avec une météo venteuse et pluvieuse. On porte tous pull et vestes et on s'étonne de voir tous ces suédois,
norvégiens ou autrichiens en tee-shirt ou alors ptit sweet
léger : en rigolant, on s'dit qu'il ne doit pas avoir beaucoup
d'espagnol ou de portugais dans la place (en fait, il n'y aura qu'un
seul duo espagnol qui abandonnera au bout de 2h30)
LA COURSE
5h30, le réveil
sonne mais personne dort on est tous réveillé comme au matin d'un
Ironman. Le rituel du gatosport prend tournure et nous voilà tous
silencieux les yeux dans le vide autour de la table de notre
chambrée.
Plus à l'aise en
trail que JMB, on décide qu'il prenne la banane "étanche"
blindée de pâtes de fruits et moi le sac à dos avec balise GPS,
poche à eau, couverture de survie, élasto, sifflet et Compeed.
6h40, on arrive à
Silvaplana qui sera l'arrivée de notre périple du jour et où un
bus nous attend pour nous emmener au départ.
7h, le bus part pour
20min de trajet durant lequel tout le monde est assez relax mais
assez concentré et stressé pour certains.
7h30, on découvre
le site de départ et un magnifique soleil nous offre une luminosité
exceptionnelle sur les montagnes environnantes : c'est vraiment beau
!! Mais il fait vraiment pas chaud alors vaut mieux attendre au
soleil qu'à l'ombre pour pas trembler …
8h, le départ est
donné c'est parti pour 46km de trail typés montagne (2000m D+) et 6,6km de
nat.
(duo n°47 comme on peut nous voir sur la photo ci-dessous)
Avec JMB on s'est
mis dans la 1ère moitié car qd même le sentiment de s'être
bien préparé pour cette épreuve. 2km de plat à trottiner en se
forçant à ne pas dépasser les 12km/h (la journée va être longue)
et nous voici au pied de la première difficulté du jour : un mur de
2km et 350m D+ via un single track où il est très difficile de
doubler.
On
aurait donc dû se mettre plus devant car on se traîne à marcher
derrière des duos complètement à la ramasse !! Avec Jean-Marc, on
bouillonne et on arrive à doubler à chaque épingles à cheveux
pour arriver en tête de ce peloton et découvrir la source du
bouchon : un gars était en train de se faire pousser par son pote !!
On s'dit qu'ils n'arriveraient jamais sur la ligne d'arrivée
ceux-là …
Une fois passé ces boulets, on trottine jusqu'à rattraper un ptit groupe qui avance bien. On reste derrière pour faire redescendre un peu le cœur. A ce moment-là, le soleil chauffe nos combis qui, même ouverte, nous donne vraiment chaud. JMB n'arrive pas à faire redescendre son cœur alors qu'on entame la descente. Grâce aux conseils de Stef mon ami savoyard, j'ai bien progressé dans le placement des pieds en montagne pour pouvoir courir dans les descentes sans trop d'effort. Je n'arrête pas de doubler mais n'entend plus mon partenaire donc obligé de m'arrêter pour m'apercevoir qu'il galére sur tous ces cailloux : c'est vrai que la descente était bien technique. Autant à plat il est bien plus rapide que moi autant en trail il n'a que peu d'expérience et m'annonce qu'il est à 180 puls !!
J'lui dis de se
mettre dans mes pieds et suivre exactement ma trajectoire en lui
donnant quelques astuces pour contrôler ses appuis. Ça va mieux
surtout qu'on a maintenant en visu le premier lac à traverser.
1ère transition donc avec fermeture de la combi (complètement trempée tellement on a transpiré dans ce dénivelé en plein soleil), remise du sac à dos, lunettes puis enfilage de la cagoule. Pas super rapide mais bon :
C'est parti pour la 1ère traversée dans cette eau aussi belle que glacée. 350m pour rejoindre l'autre rive ça parait rien mais avec les chaussures et le sac à dos je peine à rester dans les pieds de JMB. Cependant, à la sortie de l'eau on est d'accord pour dire que ça nous a fait du bien ce petit bain de 7min.
En plus, on retrouve Ju&Jérome avec lesquels on va partager toute cette seconde course (4.6km et 200m D+). Pas mal de descente, c'est du pur plaisir et la galère du trail de tout à l'heure n'est qu'un vieux souvenir !! On a le sourire et on mesure la chance d'être là en profitant du panorama exceptionnel qui nous entoure ...
2ème nat (500m) mais l'eau froide nous fait encore du bien tellement on a chaud. En revanche, on est vraiment dans la gestion de course alors les transitions sont tranquille, on échange beaucoup avec JMB et Ju&Jerome nous reprennent pour partir nager avant nous.
Jean-Marc fait encore le poisson pilote et fait preuve d'une énorme lucidité en comprenant qu'il y a du courant et gère parfaitement la trajectoire : on double un max de duo qui se sont fait emporter par ce courant. Je n'ai qu'à suivre mais heureusement qu'il fait du dos pour m'attendre, il est trop rapide pour moi (je comprendrais que plus tard que le sac à dos n'y est pas pour rien).
Début de la 3ème section de course (6,5km et 350m D+) avec encore une grosse montée mais stabilisée où on peut courir cette fois. Comme prévu, on gère au cardio sans s'emporter et sans dépasser les 160. Dès que le cardio dépasse cette valeur, on marche et cette stratégie est payante car petit à petit les duos qui nous avait doublé ne font que marcher et on en repasse un sacré paquet !! Toujours très soudé tous les 2, JMB fait plus attention à ce que je ne ventile pas trop et moi je fais gaffe à ce qu'il ne prenne pas trop le soleil qui cogne de plus en plus. On se soutient mutuellement je crois qu'on est vraiment dans le trip swimrun tout en prenant un max de plaisir mais le rôle de leader que j'avais sur le trail est désormais sur les épaules de Jean-Marc qui assure grave.
3ème nat après notre traditionnel transition à rallonge mais on change pas une équipe qui marche bien :
1000m à nager ce coup-ci mais bizarrement le froid se fait nettement plus sentir. A mi-parcours, mes mains se tétanisent, je ne sens plus beaucoup mes pieds. On fait un peu de brasse tous les 2 et je remarque que le visage de Jean-Marc est rouge : surement que ce lac est plus froid que les 2 premiers ...
Le règlement interdit d'être à plus de 10m de son partenaire et 2 duos se font rappeler à l'ordre par les bateau de l'orga. De notre côté, on s'observe beaucoup et on se rassure mutuellement sans le savoir.
On sort de l'eau grâce à des bénévoles qui nous hissent sur des rochers : c'est la guerre !! BRAVO à ces personnes sans qui ces courses 100% nature ne pourraient pas exister.
Comme on peut le voir sur cette photo, c'est pas une belle plage pour faire la transition nat-course :
En plus, on retrouve Ju&Jérome avec lesquels on va partager toute cette seconde course (4.6km et 200m D+). Pas mal de descente, c'est du pur plaisir et la galère du trail de tout à l'heure n'est qu'un vieux souvenir !! On a le sourire et on mesure la chance d'être là en profitant du panorama exceptionnel qui nous entoure ...
2ème nat (500m) mais l'eau froide nous fait encore du bien tellement on a chaud. En revanche, on est vraiment dans la gestion de course alors les transitions sont tranquille, on échange beaucoup avec JMB et Ju&Jerome nous reprennent pour partir nager avant nous.
Jean-Marc fait encore le poisson pilote et fait preuve d'une énorme lucidité en comprenant qu'il y a du courant et gère parfaitement la trajectoire : on double un max de duo qui se sont fait emporter par ce courant. Je n'ai qu'à suivre mais heureusement qu'il fait du dos pour m'attendre, il est trop rapide pour moi (je comprendrais que plus tard que le sac à dos n'y est pas pour rien).
Début de la 3ème section de course (6,5km et 350m D+) avec encore une grosse montée mais stabilisée où on peut courir cette fois. Comme prévu, on gère au cardio sans s'emporter et sans dépasser les 160. Dès que le cardio dépasse cette valeur, on marche et cette stratégie est payante car petit à petit les duos qui nous avait doublé ne font que marcher et on en repasse un sacré paquet !! Toujours très soudé tous les 2, JMB fait plus attention à ce que je ne ventile pas trop et moi je fais gaffe à ce qu'il ne prenne pas trop le soleil qui cogne de plus en plus. On se soutient mutuellement je crois qu'on est vraiment dans le trip swimrun tout en prenant un max de plaisir mais le rôle de leader que j'avais sur le trail est désormais sur les épaules de Jean-Marc qui assure grave.
3ème nat après notre traditionnel transition à rallonge mais on change pas une équipe qui marche bien :
1000m à nager ce coup-ci mais bizarrement le froid se fait nettement plus sentir. A mi-parcours, mes mains se tétanisent, je ne sens plus beaucoup mes pieds. On fait un peu de brasse tous les 2 et je remarque que le visage de Jean-Marc est rouge : surement que ce lac est plus froid que les 2 premiers ...
Le règlement interdit d'être à plus de 10m de son partenaire et 2 duos se font rappeler à l'ordre par les bateau de l'orga. De notre côté, on s'observe beaucoup et on se rassure mutuellement sans le savoir.
On sort de l'eau grâce à des bénévoles qui nous hissent sur des rochers : c'est la guerre !! BRAVO à ces personnes sans qui ces courses 100% nature ne pourraient pas exister.
Comme on peut le voir sur cette photo, c'est pas une belle plage pour faire la transition nat-course :
8km et 250m D+ à parcourir pour cette
4ème course où Jean-Marc me confie qu'il a vraiment
chaud. On s'arrête pour remplir la poche à eau et manger un peu au
ravito de ce petit village où la femme (Murielle) et les filles de Richard nous
encouragent vivement !! M'a trop fait délirer la petite de Richard
au taquet avec sa montre nous donnant avec précisions les écarts
avec les 2 autres duos de l'Asvel (10min d'avance sur l'un et 20min
sur l'autre). Fini le goudron et
retour du dénivelé et des petits chemins typés trail en sous-bois.
L'avantage est que l'on court à l'ombre ce qui fait du bien à
Jean-Marc qui est toujours en surchauffe. Alors à l'aise, je ne
manque pas de l'encourager lui faisant relativiser via l'observation
du cadre : on est arrivé sur un plateau où on se retrouve au milieu
de chevaux qui nous barrent la route et nous oblige à sortir du mini
chemin :
Dans la descente, mon partenaire
grimace à cause de ses cuisses qui deviennent de plus en plus dur.
Je commence à regarder l'heure et annonce à JMB que le Cut Off va
être finalement juste. On avait prévu d'y passer avec 1h30 d'avance
mais si on a 30min de marge, c'est un max maintenant …
Début de la 4ème nat
(900m) pour laquelle je refile le sac à dos à Jean-Marc. Autant je
suis tranquille à pied autant il est facile en nat donc cela devrait
réduire l'écart.
Effectivement, j'arrive à suivre
Jean-Marc maintenant voire passe devant par moment. La température
très basse de l'eau ne nous soulage plus comme au départ mais
commence à nous toucher avec l'impression que le froid traverse la
combar maintenant et pénètre plus profondément les extrémités. A
la sortie de l'eau, nous avons du mal à nous comprendre tant les
mâchoires sont figées
On enchaîne avec 6km de trail et
surtout 350m D+ qui vont nous entamer un peu plus. On a les mains sur les cuisses pour de la marche rapide tellement c'est pentu. La
descente fait vraiment grimacer mon poto qui a les cuisses en feu
(surement pas assez de D+ dans sa prépa). Les 2km de plat dans la vallée seront
difficiles pour JMB que je pousse un peu mais n'insiste pas trop car
a mal aux guiboles. Alors je l'encourage en lui disant qu'on est
large pour la barrière horaire : effectivement on arrive au bord du
5ème lac avec 35min d'avance !!
Voilà plus de 5h qu'on est parti et on
a envie de lever les bras au ciel en signe de victoire
d'avoir passé dans les temps ce 1er cut off … on
apprendra ensuite que beaucoup d'équipe se feront arrêter par
l'orga à cet endroit car hors délai.
Il y a un ravitaillement juste avant la
plongée pour la section de natation la plus longue de l’épreuve,
l’occasion de goûter la saucisse locale ! Murielle et les filles
sont comme d'hab toujours là pour nous encourager. Ca rebooste le mental
avant d’attaquer ces 1500m de nat avec un petit courant positif et
un vent qui creuse légèrement le lac. Il est également plus froid
que les sections précédentes et va sonner le début de mon déclin.
On commence donc à nager mais le froid
me tiraille sur tout le corps maintenant. J'ai du mal à garder ma
glisse plus de 5min et suis obligé de faire des pauses pour signaler
à Jean-Marc que j'suis pas au mieux. Même s'il a froid il ne
souffre pas de cette température et prend la casquette de leader
pour m'emmener jusqu'à la sortie de l'eau avec des encouragements à
chaque pause nat.
A la sortie de l'eau, j'ai froid c'est
officiel et je ne peux m'empêcher de claquer des dents. Le froid a
endormi mes pieds et j'éprouve des difficultés à courir. Je claque
mes mains l'une contre l'autre mais j'suis pas bien. La situation
s'inverse donc avec un JMB qui a retrouvé sa fraîcheur et son cardio
qui a bien baissé !!
Il prend donc le lead pour ces 3km de
course à plat vers le lac de St Moritz (où on a testé l'eau la
veille). Je ne parle plus en me concentrant sur ma foulée, mon
souffle. C'est dur … j'ai laissé bcp d'énergie dans la dernière
nat. Jean-Marc lui essai de me faire penser à autre chose en me
faisant remarquer tous ces barbec, ces saucisses qu'il aimerait
engloutir. On passe à côté du tremplin de saut à ski de St Moritz
reconverti en zone de bal trappe en période estivale. Nous arrivons
ensuite en ville et croisons les regards étonnés des badauds. Nous
passons devant notre hôtel. Sur la toute fin de la course, ça va un
peu mieux mais il m'en aurait fallu un peu plus pour me remettre
complètement et me réchauffer un peu plus.
Murielle et les filles sont encore là
pour nous encourager plus que vivement en hurlant !! Ça fait un bien
fou de se sentir soutenu, c'est un truc de fou.
2ème grosse section de nat (1500m).
L'eau est très froide (10°C) et fini ma lente congélation. Je
marque encore plus d'arrêt via de la brasse en indiquant à JMB que
je suis dans l'dur. A la sortie de l'eau je suis complètement transi
de froid avec les mains violette et ce n'est plus mes dents qui
claquent mais tout mon squelette. Le soleil a fait place à d'épais
nuages ce qui n'arrange rien. J'essaie de courir mais mes genoux et
mes hanches ne veulent plus je suis comme rouillé : sensations qui
me fait presque peur !! En tout cas, je lis dans les yeux de mon
partenaire sa vive inquiétude puisqu'on pense tous les 2 à la même
chose par la force des choses : l'abandon.
En patron, Jean-Marc me motive à fond
pour aller passer la 2ème barrière horaire car juste
1500m à parcourir. Je ne peux pas le décevoir je fais un immense
effort pour lui et nous voilà au bord de notre 7ème lac. Je pense aussi à ma famille, aux ouffs et mes amis qui me suivent via le net.
Les 2 cut off passé après 7h
d'effort, on est sûr d'être finisher mais faut passer la ligne
d'arrivée et vu mon état ça va être compliqué !! Sans Jean-Marc
j'aurai abandonné mais celui-ci m'amène au ravito et me fait manger
et boire pendant de longues minutes.
Il m'indique ensuite que la prochaine nat se passe dans ce petit lac très peu profond à 16°C. Je refuse la couverture de survie que l'orga me tend car je sais que si je m'assois pour me réchauffer c'est mort je ne repartirai jamais. Alors j'écoute JMB et je me dirige avec le peu de force qui me reste vers ces 500m de nat.
Il m'indique ensuite que la prochaine nat se passe dans ce petit lac très peu profond à 16°C. Je refuse la couverture de survie que l'orga me tend car je sais que si je m'assois pour me réchauffer c'est mort je ne repartirai jamais. Alors j'écoute JMB et je me dirige avec le peu de force qui me reste vers ces 500m de nat.
En entrant dans cette eau, j'ai
ressenti la même chose qu'en entrant dans un jacuzzi. Vous voyez ce
que je veux dire : une chaleur qui vous envahit des orteils jusqu'au
cou, ce sentiment de bien-être. Je fais de la brasse puis du dos à
2 bras et je sens progressivement tous mes muscles se réveiller !!
Je mets la tête dans l'eau et miracle j'arrive à nager le crawl
sous les cris de Jean-Marc qui continue à m'encourager : trop fort
mon partenaire !!
A la sortie de l'eau, mes mains sont
redevenues normales, mes lèvres ne sont plus violettes, je ne claque
plus des dents et j'arrive à courir, c'est magique ce qu'il vient de
se passer ...
On va y arriver ! On va aller au bout !
On va y arriver ! On va aller au bout !
Le secteur de CAP qui suit est le plus
long de la course : 8km pour 200m D+.
Un ptit ravito où je mange encore et
au cours duquel je vois Jean-Marc enlever abondamment du sable qui s’est
glissé dans ses running. Au moment de se remettre debout, des
crampes le saisi.
A ce moment-là on éclate de rire tous
les 2, on se sent intouchables. Maintenant la banane ne peut plus
quitter nos visages.
La pluie fait son apparition. Nous
savourons ce long parcours dans les bois où nous sommes seul dans le
silence le plus complet.
Nous croisons occasionnellement des
randonneurs ou des vététistes mais aucun concurrent. Je suis
vraiment revenu à mon niveau et cours sans aucun effort. En
revanche, c'est au tour de JMB de connaître un coup de moins bien :
je l’encourage à courir tranquillement sur les secteurs sans
dénivelé mais la moindre petite élévation est le prétexte pour
marcher et savourer l’instant. Une biche nous observe, sans sembler être gêné par ces pingouins sylvestres. Ce passage est sans doute le
moment de partage le plus fort de l’épreuve avec mon pote. Nous
repassons devant l'hôtel qui se cache derrière les pins puis sous
le tremplin de saut à ski. Les coups de feu du bal trappe troublent
la quiétude de l’endroit. Nous amorçons la descente vers le lac
Champfer. En bordure du lac, nous revenons sur une équipe française
avec laquelle on échange tout en déconnant : super sympa. Les cut
off passés, la forme revenue, on n'a plus aucune pression et JMB
lance le pari de finir la dernière nat en pap.
400m à nager pour conclure ces 6,6km
de nat du jour. On plonge dans le lac et je me sens trop bien, des
appuis de fou alors j'envoie du pâté pour voir. Comme dit Jean-Marc
me voilà de retour aux affaires lol
Pour la première fois de la journée,
JMB n'arrive pas me à suivre en natation. Cependant, à quelques mètres
du bord d’arrivée, il tient son pari ce con et fait 4 mouvements
de pap. On est de vrais teigneux !!
Une dernière pâte de fruit et c'est
parti pour les 3km du dernier secteur de càp. Les jambes de JMB
reviennent et c'est en déconnant qu'on remarque que nous allons bien
plus vite que sur toutes les sections de CAP précédentes. On
remonte rapidement 2 équipes qui nous encouragent très
sportivement. L’arrivée approche. On a l'impression de courir à
16km/h mais en fait on est juste 10 LOL !!
En regardant ma montre, je dis à JMB
qu'on va pouvoir passer sous les 9h si on force un peu l'allure. On
arrive à faire des pointes à 13km/h pour doubler une autre équipe
au bout du rouleau et qui marche. Nous remontons vers l’arche
d’arrivée. Main dans la main nous franchissons la ligne après
8h59’40 d’effort.
On est tous les 2 aux bords des larmes
tellement on a vécu qqch de fort durant cette longue journée
ensemble. Une sacré accolade et voilà qu'on voit arriver les 2
autres équipes de l'Asvel douchées et habillées qui nous annoncent
qu'elles n'ont pu finir …
On a formé un super duo avec Jean-Marc
en s'épaulant et en ayant eu peut être la chance de
porter la casquette de leader chacun son tour pendant les coups de moins
bien du copain.
MERCI MON POTE pour ton soutien moral,
tes encouragements et ton amitié qui ont été la clé de notre
succès : t'es vraiment un grand sportif avec une humilité et une
mentalité au top !! Je remets le couvert avec toi quand tu veux ;-))
MERCI à ma ptite femme pour me laisser
vivre des moments pareils, tu es une femme exceptionnelle et je
mesure la chance que j'ai de t'avoir … je t'aime.